Voici un sceau représentant un soleil flamboyant : « … Mathilde, Dame du Mesnil Pipart, Normandie, 127 3. Dans le champ, un rais tremblotant, ou un soleil. S MATIL… DNE DU MESNIL PIPAR sigillum Matildis, domine du Mesnil P ipart. Sceau rond appendu à une donation aux Templiers de Saint- Etienne de Renneville, près Neubourg, mars 1273… » (Inventaire et documents publiés par ordre de l’empereur, de Louis Douët d’Arcq, 1863) Le Mesnil-Pipart se situe à 3 km du Manoir-de-Calen ge, et à 2 km de la Grange du Temple sise à Epreville-près-le-Neubourg.
Quelles furent les ancêtres de Mathilde, dame du Mesnil-Pipart ? Voici ce qu’on peut en dire :
– « … Fiefs : il existait, à Bailleul, le fief Pipart, ou de Clères… ;… Au milieu du XIème siècle, Hugues Pipart donna au Baron Hellouin et à l’abbaye du Bec, que cet homme vénérable venait de fonder, le quart de l’église du Theil-Nollent. Un parent du précédent, nommé Gautier Pipart, 791mourut vers 1090 dans une expédition en Angleterre et son corps fut inhumé à l’abbaye de Préaux ; son fils Robert donna au monastère la dîme d’une charrue dans le village de Bailleul. Ce même Robert Pipart était attaché à la personne de Roger de Beaumont ; tout porte à croire que Robert Pipart reçut, du puissant Roger, le fief d’Escardanville (Ecardenville-la-Campagne), dit le Mesnil-Pipart, qui passa à ses descendants… ;… En 1180, Gilbert Pipart était gouverneur du château de Séez et tenait à ferme, moyennant 110 livres, la vicomté de cette ville… ;… Guillaume Pipart se trouvait en 1237 aux assises de Pont-de-l’Arche ; en 1240, il assistait à une grande réunion de chevaliers à l’abbaye du Bec. Enfin en 1263, dans une charte de Michel de Fumechon qui habitait le hameau de ce nom, à Ecardanville, Guillaume Pipart prit le titre de sergent du roi, ce qui indique qu’il était possesseur d’une des sergenteries de la forêt de Beaumont… ;… Puis ce nom disparaît… » (Dictionnaire historique de toutes les communes du département de l’Eure, de Charpillon, 1868)
– « … Dans le cartulaire de Beaumont (Beaumont-le Roger), Willelmus Pipart, témoin dans une charte de Robert de Meulan… ;… dans une charte du même recueil, même page : Robertus Pipardus et Willelmus, frater suus… ;… un peu plus loin, parmi les témoins : Willelmus Pipart, dominus Guillelmus Pipart, tunc temporis senescallus de Haricuria (sénéchal de Harcourt)… ;… Les Grands Rôles de l’Echiquier de Normandie mentionnent Richard du Mesnil-Pipart – de Ricardo de Mesnil-Pipart, decem libras… » (Mémoires et notes de M. Auguste Le Prevost pour servir à l’histoire du département de l’Eure, 1864)
– « … L’église de Saint-Etienne de Renneville appartenait à la commanderie (de Renneville) ; car nous avons trouvé un nommé Guillaume, seigneur du Mesnil-Pipart – de Mesnilo Pipardi – donner aux Templiers, en 1246, des terres et une maison à Sainte-Colombe, pour avoir, dans leur église de Saint-Etienne – in ecclesia Sancti Stephani – un anniversaire le lendemain du jour de Saint-Michel pour lui, ses parents défunts et le chevalier Richard d’Harcourt, son seigneur d’impérissable mémoire… » (Ordre de Malte. Les commanderies du grand-prieuré de France d’après les documents inédits conservés aux Archives nationales à Paris, d’Eugène Mannier, 1872)
– « … Guillaume, seigneur du Mesnil-Pipart – pro salute anime sue – celui de Cécile son épouse de Gilbert son père et de Mathilde sa mère, de Robert son fils, autrefois chevalier, et de Richard, seigneur d’Harcourt d’heureuse mémoire… ;… Cécile, Dame du Mesnil-Pipart, qui fait connaître par sa charte du mois d’avril 1225 qu’elle a choisi sa sépulture dans l’église de Saint-Etienne (de Renneville) et donne en conséquence 100 sols tournois, pour venir au secours de la Terre Sainte. En outre elle accorde une rente de 5 sols tournois sur une pièce de terre qu’elle possédait à Epreville… » (Revue catholique d’histoire, d’archéologie et littérature de Normandie, 1894)
De ces 4 textes, il est clair que la famille Pipart, ou du Mesnil-Pipart, a été très liée aux seigneurs d’Harcourt. En 1150, Richard d’Harcourt était seigneur de Renneville. Il devint commandeur du Temple de Renneville. Guillaume Pipart – dominus Guillelmus Pipart – en 1246, paraît avoir été sénéchal de Richard d’Harcourt. Ce Guillaume donne, aux Templiers de Renneville, des terres et une maison afin d’avoir un anniversaire pour lui, ses parents et son seigneur, le chevalier Richard d’Harcourt. Cécile, épouse de Guillaume Pipart, choisît, en 1225, d’avoir sa sépulture dans l’église de Saint-Etienne de Renneville. Guillaume et Cécile eurent au moins un fils, Robert, autrefois chevalier. Les parents dudit Guillaume furent Gilbert et Mathilde. En 1273, dame Mathilde du Mesnil-Pipart était la veuve de Guillaume Pipart, chevalier, puisque ce nom disparaît à cette époque. Le soleil de son sceau provient donc de son mari et des antécédents de celui-ci. On s’aperçoit aussi que la lignée des Pipart comprend plusieurs branches puisque Robert Pipart avait un frère Guillaume ; par ailleurs 2 Guillaume Pipart ont conjointement existé, dont l’un était sénéchal d’Harcourt. Par conséquent il est prévisible que certains d’entre eux aient brisé les armoiries familiales, en triplant le soleil d’origine. En effet, il est hautement probable qu’au milieu du XIIème siècle, les armoiries des Pipart étaient un grand 792soleil, transformé par la suite en soleil flamboyant. Car au XIIIème siècle, on brisait les blasons par augmentation ou diminution du nombre de meubles dans l’écu. Or les femmes ne semblent pas avoir brisé. Par conséquent la femme du sceau de Jehan Calenge pourrait bien être une fille de la famille du Mesnil-Pipart !
Mieux encore, dans l’Onzième Livre, nous avons montré que Guill(aum)e Chalange, moine de l’abbaye Saint-Martin de Sées, avait pu être Templier avant la disparition de cet ordre. Plus précisément, l’obit de Guillaume Chalange, dont la calligraphie est comparable à une paléographie datant de 1300, a été rédigé à la fin du premier tiers du XIVème siècle, en tout cas juste après la copie de l’obituaire initial commandée par l’abbé Nigellus de Ripparia en 1332. Dans ce cas, Guill(aume) Chalange aurait été Templier jusqu’en 1307 (à la maison de Fresnaux rattachée à la Commanderie de Villedieu-Les-Montchevrel), puis moine de Saint-Martin de Sées jusqu’à la fin du premier tiers du XIVème siècle, compte tenu de la paléographie de son obit. Ce fut sans doute une personnalité, car les simples moines, ayant fait l’objet d’un obit, on été inscrits uniquement sous leurs prénoms (sans patronymes). Oui mais, dans ce cas, ne proviendrait-il pas lui aussi de la Commanderie de Renneville ?