Du roy nostre seigneur, je, Yves de Viez Pont, chevalier, chambellan du roy nostre dit seigneur et de monseigneur le duc d’Orleans, seigneur du Nuefbourc, confesse et adveue a tenir nuement et ligement par foy et hommaige, et tant pour moy que pour mes hommes et soustenans, une demie baronnie appellee la terre ou baronnie du Nuefbourc, de la quelle le chastel et chief sont assiz au dit lieu du Nuefbourc, en la parroisse Saint Pol, et s’estant icelle baronnie es bailliages de Beaumont le Roger, de Rouen et environ, et aussi en plusieurs villes et parroisses, comme au lieu de Nuefbourc, a Rouen, Beaumont, Beaumontel, Sainte Oportune du Bosc, Calleville, la Haie de Calleville, la Nuefville, Saint Nicolas du Bosc, Vitot, Espegart, la Puille, Saint Amant, Viliers (il s’agit de Villez-sur-le-Neubourg), le Tronc, Escauville, Croville, Yville, Amfreville la Campaigne, les Autieux, Thibouville, Fommechon, Bray, Combon, le Tramblay, Roge Perier, Escardanville, et ailleurs ou pais d’ilec environ, laquelle demie baronnie je tiens noblement, franchement, a court et usaiges, reliefz, XIIIes, hommes, hommaiges et toute basse et moyenne justice, et avecques plusieurs noblesces, franchises et dignitez, tant de garenne deffendue et gardee, comme de ma forest du dit lieu de Nuefbourc, de pasnage sur mes hommes coustumiers, subgiez et soustenans.
En laquelle forest a l’usaige d’icelle, j’ay plusieurs droitz, tant sur les gens des parroisses d’environ comme de la baronnie que d’autres seignouries et juridicions, c’est assavoir de la conté de Harceourt et d’ailleurs, et sur les passans par les dangiers d’icelle forest, et en laquelle j’ay verdiers, forestiers, parquiers, playz et juridicions de forest et de forfaitures et frans jugeurs, selon l’usaige d’icelle forest, dont les 827issues, prouffiz et revenues puent bien valoir une foiz plus, l’autre fois mains, selon l’exploit de la forest, pour ce qu’elle est toute acoustumé, fors aucuns deffens, et les fosses carbonnieres. Et en icelle forest prennent la disme les religieux du Bé Helouin par la main de mon receveur. Item, et a cause de la dite demie baronnie me appartient les presentacions des maisons, eglises et chappelles qui ensuient, c’est assavoir de la prioré de la maladerie du dit lieu de Nuefbourc, de la cure Sainte Oportune du Bosc, de la cure Saint Nicolas du Bosc, de la Haye de Calleville, de la cure de la Nuefville en la Forest, de la cure de Sahurs, de la chappelle du dit lieu du chastel de Nuefbourc, des deux chappelles du manoir de Saint Avaubourc, de la chappelle de Creuse Mare en la dite forest, de l’administration de l’Ostel Dieu du dit lieu de Nuefbourc. Item, a cause et par raison de ma dicte demie baronnie, j’ay la congnoissance de l’aseurement, visitacion, correccion et punicion des dellinquens et defaillans sur le pain, vin et autres denrees en la dite demie baronnie, et en tous les marchez et foires de toute la ville de Nuefbourc, avecques la congnoissance de tous pois, mesures, aulnes, vuidemens et empeschemens de chemins et rues de la dicte ville, en tous les fiefz et villes de Nuefbourc, tant en ce qui me appartient, comme en ce qui est en la dite ville des fiefz de Combon qui est en l’autre partie qui (fut) parti pieça de la dite baronnie. Item, j’ai la congnoissance par moy et mes officiers de tous les estaulx de la dite ville et de les livrer et faire livrer et en cognoistre. Item, j’ay la congnoissance par moy et mes officiers des plaiz et juridicion de la prevosté de Nuefbourc, sans aucun moien ou adjoinct, combien que les revenues et prouffiz d’icelle se partent entre le sire de Combon et moy. Item, j’ay droit semblablement de tenir et faire tenir la juridicion des plaiz du Commun par mes officiers, sans autre attendre, et se le seneschal du dit sire de Combon y veult venir, il y puet comme regardeur seulement, sans ce que a lui soit obey, ne que seul ou en absence de mon seneschal il y peust riens tenir, ne faire exploit, ne que a lui feust obey. Item, j’ay droit de mettre corretiers jurez et visiteurs sur tous les mestiers et marchandises et sur toutes les denrees de la dite ville de Nuefbourc ; et si, ay ma prise pour moy et mes gens sur le poisson par juste pris, si que il ne peut estre vendu sans le congié de moy ou mes gens et que je y aye fait ma prise. Item, tous les bouchers demourans a Nuefbourc sons tenus de moy nourrir mes chiens en jouesce, tant qu’ilz soient prestz de mettre au deduit et chace. Item, les dits bouchers sont tenus a trouver char pour mes oiseaulx que je fais et feray nourrir en la dite baronnie. Item, j’ay droit de reparacion, de motage, des motes et fossés du chastel du Nuefbourc. Item, le sergent fieffé qui fait exploix en la dite terre de Nuefbourc, tant en ce qui me appartient comme en ce qui appartient au seigneur de Combon, est en ma foy et hommaige seul et pour le tout. Item, au dit lieu du Nuefbourc a marché chascune sepmaine a jour de mercredi et une foire le premier jour de may. Item, au dit lieu de Nuefbourc a trois foires par an, seans devant la maladerie, dont les prouffiz sont a la dite maladerie combien que la congnoissance de la justice m’en appartiengne et a 828mes officiers, et non a autres, dont la premiere siet le jour Saint Jehan Baptiste, la seconde le jour de la Magdalaine, le tierce le jour Sainte Croix en septembre. Item, j’ay droit, a cause de la dite demie baronnie, de pugnir et faire pugnir par mes gens et officiers tous ceulx qui en toute la bourgoisie de la terre de Nuefbourc appellent les femmes putains, et de en prendre et lever nuef livres d’amende sur chacun, ou ilz sont mis en une eschielle par III jours de marché, se ilz ne veulent la somme paier. Item, j’ay droit alternatif, a cause de ma dite demie baronnie, de donner les escolles dut dit lieu de Nuefbourc, et se donnent de trois ans en trois ans, dont je donne l’une foiz pour trois ans, et le seigneur de Combon l’autre, et ainsi l’un après l’autre. Item, au dit lieu de Nuefbourc, a droit de ban appartient alternativement a moy et au dit seigneur de Combon, l’un après l’autre, chacun une foiz, de trois ans en trois ans seulement. Item, a cause de ma dicte demie baronnie, est tenu de moy par foy et hommaige un fief entier, nommé le fief de la Queue du Tronc, avecques ses appartenances, et se extent en la parroisse du Troncq et en autres parroisses d’illec environ que tient a present le conte de Harecourt, lequel fief avecques autres terres furent pieça donnees en mariage a la mere messire Jehan de Hangest, par quoy le conte de Harecourt, et moy, et Bertrand du Mesnil, escuier, et dame Marguerite la Galoise, sa femme, naguere tenant le dit fief, en sommes encores en procès, en l’assise du Pontautou, pour ce que le dit conte et moy en avons fait faire prises chacun de soy pour cause de hommaige et devoirs de fief. Item, un demi fief, nommé le fief de Vitot, noblement et franchement tenu a court et usaige, que tient a present Jehan de Bretanges, escuier, est tenu de moy par hommaige, a cause de la dite demie baronnie duquel demi fief Crespin du Buc et sa femme, a cause d’elle, dient estre moyens entre le tenant et moy, et icelluy demi fief estre tenu d’eulx par hommaige, et en estre en mon hommaige, et en sont en procés en ma court. Item, semblablement, Robinet du Val Vandrin, escuier, en tient un huitiesme de fief tenu noblement et franchement a court et usaige, assiz en la parroisse de la Puille, et messire Guillaume Riglan, prestre, en tient un autre VIIIe de fief, desquelx deux VIIIes de fiefz le dit Crespin et sa dite femme dient semblablement qu’ilz en sont moiens et en estre en mon hommaige, et sur ce en sont en procès en ma court. Item, Robert de la Heruppe en tient un quart de fief noblement et francement tenu a court et usaige, dont le dit Crespin et sa dite femme dient semblablement estre moiens, et est assiz en la parroisse de Nuefbourc et illec environ. Item, les hoirs de deffuncte Marie de Claire en tiennent ung fief entier, appellé le fief des Autieulx, assiz en la parroisse des Autieulx, lequel fief ilz tiennent en parage de monseigneur de Claire, lequel en est en mon hommaige. Item, les religieux, abbé et couvent de Saint Ouen de Rouen en tiennent ung fief entier, noblement et franchement tenu a court et usaige, nommé le fief d’Escauville, assiz en la parroisse d’Escauville et illec environ, ouqquel j’ay droit de la moienne justice comme de mesures et telz choses appartenantes a moyenne justice, et m’en doivent un palefroy ou sept livres pour relief touttefoiz qu’il y a noubel abbé. Item, messire Guillaume Landry, chevalier, en tient par hommaige un fief entier appellé le fief de Saint Amant, noblement tenu a court et usaige, assiz au dit lieu de Saint Amant, Anfreville la Campaigne et environ, et en tiennent une porcion Loys de Tournebu et sa femme ou leurs 829hoirs, qu’ilz tiennent par parage du dit chevalier, et aussi Raoul du Pin en tient semblablement une porcion de fief appellé le Pin, et le dit cehvalier est de tout le fief en mon hommaige. Item, un fief entier assis a Cosseville (Cesseville) et a Crestot en estoit tenu par foy et par hommaige, au temps que le tenoit messire Godeffroy de Harcourt, et fut donné par le roy aux Celestins de Mante après la mort du dit Godefroy. Item, les hoirs de feu messire Robert du Nuefbourc en tiennent un VIIIe de fief par hommaige au dit lieu du Nuefbourc. Item, Thomas de la Mare en tient une vavassourie franchement, sans court ne usaige, appellé le Coldroy, dont il fait LX solz de relief, quant le cas s’offre. Item, le prieur et couvent de Beaumont le Roger en tiennent les Neufz Moulins assiz sur la riviere de Rille, en la parroisse de Saint Pierre de Beaumoncel, avecques toutes les moultes de mes hommes et les forfaitures, desquelles moultes, arretz, descors, visitacions de monniers, molins, mesures, contrainte de reparacions appartiennent a moy et mes officiers seul et pour le tout. Et si doivent venir jurer les monniers en mes plaiz et mes officiers peuent arrester les moultes quant il y a deffault. Et des procès qui sont entre les religieux ou leurs fermiers et les hommes de la baronnie sur les arretz faiz pour forfaitures ou autrement, je ne prens que trois solz d’amende sur chacun arrest. Et les diz religieux ont la forfaiture et en toutes les terres dessus dites tenues de moy. J’ay toute moienne justice par tout, sans rien exepter. Et en icelle terre et demie baronnie ay plusieurs rentes en deniers, en grains, oeufz, oyseaulx, moutons, poivre, amandes, chappeaulx de roses, gans, esperons, sayettes et autres diverses rentes paiez a plusieurs termes et festes de l’an, aucunement non resseantises, reliefz et XIIIes, qui aucune foiz eschient avec les demaines des terres, et de laquelle demie baronnie je suy tenus faire au roy nostre seigneur foy et hommaige, avecques telz reliefz et aides comme il appartient d’une demie baronnie, selon raison et la coustume de Normendie. En tesmoing de ce, j’ay mis a ce present adveu mon propre seel. Ce fu fait le samedi Xme jour du mois de novembre, l’an mil CCCC et trois. Et fais retenue de plus avant declarier et bailler, s’il vient a ma congnoissance. Donné l’an et jour dessus diz. (La baronnie du Neubourg, d’André Plaisse, 1961)
FIN DU TREIZIEME LIVRE